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Expérience de négociations et de sécurisation des ressources pour prévenir les conflits liés à la mobilité pastorale en Côte-d'Ivoire
L’expérience de « Négociations et sécurisation des ressources pastorales pour prévenir les conflits » est portée par l’Organisation Professionnelle des Eleveurs de Ferkessédougou (OPEF) créée en 2009 en République de Côte d’Ivoire. L’objectif de l’OPEF est l’amélioration des conditions de vie des éleveurs et leur cheptel ainsi que la promotion des bonnes pratiques d’élevage. Cette expérience de négociations et sécurisation des ressources pastorales est conduite dans le nord-centre de la Côte d’Ivoire au niveau des régions du Tchologo, de Poro et de la Bagoué. Elle a démarré en 2016 avec l’appui de l’ONG Internationale Acting for Life (AFL) à travers le projet d’Appui à la Résilience des Systèmes Agro pastoraux en Afrique de l’Ouest (PARSAO). D’autres organisations d’éleveurs conduisent le même processus de négociations et sécurisation des ressources pastorales dans d’autres régions de la Côte d’Ivoire notamment au nord-est (La Région du Bounkani par l’AEBRB (Association des Eleveurs de Bovins de la Région du Bounkani) et au nord-ouest (les régions du Kabadougou et du Folon par l’AJELAMO (Association des Jeunes Eleveurs-Agriculteurs Modernes d’Odienné).
Quels scénarii d’évolution pour les systèmes d’élevage mobiles à l’horizon 2040 ?
L’élevage sous toutes ses formes reste un pilier de l’économie et de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest. Pourvoyeur d’emplois et de revenus pour de très nombreux acteurs des chaînes de valeur d’une part et de protéines animales et de sous-produits, d’autre part, il constitue un enjeu majeur pour la sécurité alimentaire, la nutrition et la résilience des populations. Les systèmes pastoraux et agro-pastoraux, fondés sur la mobilité du bétail pour faire face à la variabilité des ressources fourragères et à la disponibilité des ressources en eau, permettent à la région de valoriser d’immenses espaces semi arides, impropres à la culture, mais dotés d’une biodiversité très riche, que seuls les ruminants peuvent exploiter sur la base de systèmes extensifs. Cette mobilité induit de fortes interactions avec les espaces d’accueil (transferts de fertilité, traction animale, approvisionnement en produits animaux et en céréales dans les espaces frontaliers et les bassins de consommation des pays côtiers, etc.). Elle est aussi facteur de cohésion sociale entre les communautés. Aux côtés de ces formes d’élevage issues d’un important savoir-faire ancestral, fortement et constamment adapté au cours des dernières décennies, se sont développées différentes d’autres formes d’élevage dites « modernes » : élevage de ruminants sédentaires (ranch), élevages laitiers plus ou moins intensifs, mais aussi différents élevages à cycle court (volailles, porcs, lapins et d’autres espèces (escargot, d’abeille, etc.) notamment en zones périurbaines. Pour autant, la région reste fortement déficitaire en protéines animales et en aliments du bétail concentrés (maïs, soja) afin d’assurer l’alimentation des filières intensives et à cycles courts.
La croissance démographique et l’urbanisation induisent une forte augmentation de la consommation de produits animaux, en lien avec les changements d’habitudes alimentaires et l’amélioration des pouvoirs d’achat d’une frange croissante de la population. Les coûts de production des protéines fondés sur les systèmes intensifs restent peu compétitifs au regard des importations de produits souvent de bas de gamme, et au regard des systèmes traditionnels améliorés. Par ailleurs, cette croissance démographique affecte aussi le monde rural et induit une extension constante des surfaces cultivées, en l’absence de stratégies et pratiques massives d’intensification durable des systèmes agricoles. De son côté, le cheptel ruminant qui s’accroît régulièrement requiert des espaces de pâtures sans cesse croissants. Il en résulte une compétition accrue sur les ressources naturelles que les réformes des codes fonciers agro-pastoraux en cours arrivent rarement à réguler efficacement. Depuis quelques années, on assiste à une exacerbation des conflits d’usage des ressources, en partie réelle, et en partie liée à une amélioration de la connaissance (observatoires) et à la médiatisation. De nombreuses initiatives sont en cours pour tenter de pacifier les relations entre pasteurs et agriculteurs : déploiement de dispositifs à différentes échelles de dialogue, de prévention et de gestion des conflits, incluant le développement des infrastructures d’accueil des transhumants. Ces dispositifs s’inspirent de la réglementation de la CEDEAO sur la transhumance et cherchent à répondre à la montée des violences induites par une combinaison de facteurs : compétition sur les ressources accentuée par la variabilité et les changements climatiques, montée des conflits intercommunautaires, mauvaise gouvernance, insécurité liée au terrorisme et aux activités des groupes mafieux, etc.
What are the prospects for mobile livestock systems in the face of the densification of rural areas and climate change in West Africa?
The dynamics of livestock systems in sub-Saharan West Africa on the 2040 horizon will be determined more by current and expected societal changes than by climate change. Climate change is expected to result in increases in the concentration of carbon dioxide in the air, in temperatures in the warmer seasons, and in rainfall mainly due to more frequent and intense heavy storms. These increases are expected to favour crop production, but also runoff, soil erosion and flooding. The rapid and persistent increase in rural population density despite dramatic urbanisation is expected to fuel further expansion of cultivated lands and the reduction and fragmentation of rangelands, hampering pastoral mobility. This is likely to reduce the activity of seasonally mobile pastoral livestock farming, but also that of sedentary livestock farming deprived of rangelands and a source of competitively priced young animals. A policy that would advocate the end of seasonal regional transhumance in favour of ranching and stabling, would precipitate the decline of pastoral livestock and increase their fragility in the face of climatic and security risks. This change would require an investment that is beyond the reach of livestock breeders, who would be reduced to working for private investors or agro-industrial companies. The only policy that could sustainably support livestock systems in their diversity and complementarity would be resolute public investment by States and Regional Economic Communities (RECs) in the transformation and modernisation of pastoral mobility.
Access to pastoral resources and regional and local herd mobility should be secured by reaffirming the community or public status of water points and rangelands in hyper-arid zones, but also of non-cultivable land in wetter zones, as well as negotiated access rights to cultivated land after harvest. Frameworks for local and regional consultation should be established, and contractual agreements between pastoralists, agro-pastoralists and farmers should be facilitated. It is necessary to complete, rehabilitate and manage the hydraulic and veterinary infrastructures, the livestock passage corridors, the land reserved for grazing, the lodgings or enclosures for the livestock, with a view to creating a network of infrastructures adapted to the available forage resources, established in consultation with the livestock breeders' associations and the local authorities. A national and international commitment should overcome the civil insecurity that is rampant in many pastoral regions, along with significant investments in education, health, roads and telecommunications infrastructure that would ensure security and the adaptation of pastoral livestock farming to societal changes.
What are the prospects for the evolution of mobile livestock systems in relation to the ongoing political, technological and social mutations in West Africa and the Sahel? Thematic Reflection Note 3 June 2021
PEPISAO aims to strengthen the capacities of States and regional and national actors so that they can develop approaches to secure livestock mobility and integrate livestock farming methods in line with a shared regional vision and offering maximum guarantees for the peaceful cohabitation of different users of natural resources. In order to achieve this ambition, the ECOWAS Commission, in collaboration with UEMOA and CILSS, has initiated a prospective reflection on mobile livestock systems. Such an exercise reflects an anticipatory approach based on the analysis of relevant factors of change for the future of livestock systems. The present note, which is part of this exercise, aims to characterise the socio-political dynamics at work in the region, in relation to mobile livestock systems. The link between anticipation and strategic planning is tenuous. Moreover, the challenge of exploring the likely future of transhumance and consequently the future of millions of people - development actors in their own right of territories for which they are overlooked - is of crucial importance for regional integration and stability of the region and for peaceful cohabitation between socio-cultural groups. Studies, regional programmes and high-level meetings have multiplied in recent years, reflecting both the acuteness of the issue for the various actors and the complexity of the process of constructing political and social arrangements at the relevant levels of decision-making and action in the areas concerned by these problems.
What evolution scenarios for mobile livestock systems by 2040?
Livestock is a strategic sector in West Africa and the Sahel, both in terms of the size of its livestock population and production, as well as in terms of the importance in the livelihoods and food security of millions of households. Historically, ruminant husbandry systems are characteristic of the economies and management of the vast arid Sahelian spaces and they form a central element of the culture of the families of pastoralists, sedentary livestock breeders and sedentary agro-livestock breeders. But livestock farming is above all an illustration of the potential offered by the valorisation of the region's agro-ecological complementarities, which makes it the first vector for the integration of economies and territories through a system of complex exchanges. This system, which makes it possible to cope with the variability of natural resources, organizes synergies between agricultural production systems and livestock systems, is a vector of links and dialogue between communities. Finally, it helps to supply the animal protein deficit markets of the coastal countries.