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Etude de la regeneration naturelle assistee dans la region de zinder (niger)
Ce rapport présente les résultats d’une étude dont l’objectif était d’explorer l’échelle de la régénération naturelle assistée (RNA) dans les 3M (les départements de Magaria, Matameye et Mirriah), ses impacts sur les conditions de vie de la population et d’identifier ce qui a motivé les paysans à protéger et à gérer les arbres. Nous parlons de RNA quand les cultivateurs activement protègent et gèrent les repousses dans leurs champs afin de (re-)créer une végétation ligneuse. Il s’agit presque toujours des especes ayant une valeur économique. On l’appelle RNA pour distinguer ce pratique avec le reboisement ou la plantation d’arbres dans les bois, les brisevents ou ailleurs, et la gestion des peuplements naturelles dans les blocs forestiers en dehors des zones de cultures. En ce qui concerne l’échelle de la RNA dans les 3M, nous l’estimons à environ 1 million ha avec une forte dominance de gao (Faidherbia albida), mais surtout à Mirriah un important peuplement de baobab (Adansonia digitata). Les formations naturelles ont presque disparu de la région. Partout, les interviewés ont souligné que la crise écologique des années 70 et 80 les a motivée à protéger et à gérer les jeunes arbres de façon plus systématique et massive que par le passé. En même temps, les politiques nationales, inspirées de l’Engagement de Maradi (1984) ont favorisé la vulgarisation de la régénération naturelle assistée. Le Projet de Renforcement des Services d’Appui à l’Agriculture (PRSAA ; 1988 - 1998) a formé des producteurs en matière de défrichement amélioré et de protection et entretien de la RNA. La densité de la population de cette région était déjà élevée il y avait 20 ans. Son taux de croissance annuelle est d’environ 3&, ce qui implique que la population a doublé depuis le début des années 80. La forte pression sur les ressources naturelles a également incité la population à une intensification agricole. La protection systématique des jeunes gao a eu comme effet la « construction » des parcs agroforestiers, qui ont contribué à maintenir ou à améliorer la fertilité des sols. Malgré cette évolution favorable, il reste beaucoup de villages où le parc est encore jeune et les effets sur la fertilité des sols ne se font pas encore sentir. Ces villages sont encore dans une phase de transition vers une intensification. N’empêche que presque partout les systèmes de production sont devenus plus complexes à cause d’une meilleure intégration des cultures, du bétail et des ligneux. Cette régénération naturelle sur les champs de culture a eu de nombreux impacts : • sur les revenus (vente de feuilles de baobab, du bois, du fourrage) • sur l’environnement (amélioration du micro-climat, car moins de vent et érosion éolienne à cause de la forte densité d’arbres) • sur l’agriculture (amélioration de la fertilité des sols) • sur l’élevage (plus de fourrage à cause des gousses des gao et plus de bétail) • sur la sécurité alimentaire (la vente de bois par les familles pauvres les a rendu moins vulnérable pendant les périodes de soudure) • sur la nutrition (les cuvettes dans la région produisent beaucoup de cultures maraîchères) • sur les femmes (le temps qu’il faut pour chercher du bois a fortement diminué) • sur les jeunes (dans certains villages l’exode a diminué, car la coupe et le transport de bois donnent quelques revenus) 2 ETUDE DE LA RÉGÉNÉRATION NATURELLE ASSISTÉE DANS LA RÉGION DE ZINDER (NIGER) Les paysans considèrent qu’ils ont un droit exclusif sur les arbres qui se trouvent dans leurs champs et certaines espèces (baobab) sont l’objet de transactions monétaires. Les femmes ont libre accès au bois mort dans les champs et aux sous produits comme les gousses de gao. Elles peuvent être propriétaires des espèces alimentaires (baobab) par héritage ou par achat. Les conflits autour des arbres sont relativement rares. Il y a des conflits avec certains transhumants. Chaque arbre est protégé et géré par les paysans et l’échelle de ce phénomène est si importante qu’il est justifié de parler d’une mutation dans les systèmes de production. Malgré le fait que les conditions macroéconomiques et macro-politiques au Niger étaient peu favorables entre 1985 et 2000, les paysans ont spontanément continué à intensifier leurs systèmes de production tout en améliorant leur environnement. Les acquis sont encore fragiles. En cas de plusieurs années de sécheresse consécutives la pression sur les parcs agroforestiers sera très forte. Malgré le fait que les paysans considèrent qu’ils ont un droit exclusif aux arbres qui se trouvent dans leurs champs, il serait bon de le confirmer dans le code forestier.
Restauration de l’environnement et changements sociaux de genre
Ce travail s'inscrit dans le cadre d’une recherche plus large qui vise à cerner les changements et impacts induits par les activités de GRN effectuées au Sahel et plus précisément au Burkina Faso, Sénégal et Niger. La présente recherche tente de comprendre comment les changements écologiques agissent et interagissent sur l’organisation sociale dans son ensemble et plus particulièrement sur les relations de genre entretenues entre les hommes et les femmes. Il est important de mentionner, ici, que les programmes de lutte contre la désertification ont prioritairement travaillé avec les couches les plus vulnérables des zones d’intervention de par leur approche basée sur le food for work pour la plupart ; mais le niveau élevé de pénurie alimentaire a engendré parfois la participation des couches moins vulnérables. Les femmes ont majoritairement participé aux actions de réhabilitation de l’environnement en général du fait de leur présence quasi exclusive dans les villages sites, les bras valides masculins ayant migré vers des horizons plus cléments à la recherche du complément alimentaire. Elles ont, dans certains cas, bénéficié des terres récupérées…